BURN OUT, PARLEZ-EN !
6 mins de lecture | Morgane Rupert & Eunice Batep | Article | Bien-être
Épuisement professionnel : comment en parler à son entourage ?
Au cours de ces dernières années, notre société s'est beaucoup améliorée en ce qui concerne la reconnaissance du burn-out au travail, même si le sujet semble encore tabou. En effet, ce dernier se heurte souvent à un obstacle majeur : faire en sorte que les personnes en parlent.
Qu’est-ce que le burn-out ?
Parce que le burn-out, ou épuisement professionnel, reste un sujet tabou dans la société, il est crucial de souligner qu’il ne s’agit pas simplement d’une tendance à la mode, mais d’une véritable pathologie reconnue par l’OMS qu’il ne faut pas sous-estimer. Le burn-out va bien au-delà de simples difficultés rencontrées au travail, il s’agit d’un malaise profond, un épuisement professionnel qui engendre une réelle souffrance. Selon la définition officielle, le syndrome se caractérise par un « épuisement physique, émotionnel et mental résultant d’un investissement prolongé dans des situations de travail émotionnellement exigeantes ». En réalité, le burn-out survient lorsque le corps et l’esprit atteignent leurs limites face à des conditions de travail excessivement stressantes, intenses et exigeantes. Des charges de travail élevées, des attentes démesurées, un investissement émotionnel intense, du harcèlement et d’autres facteurs sont à l’origine de ces épisodes d’épuisement.
Mais alors, face à de telles conditions, comment en parler autour de soi ?
Burn-out : pourquoi en parler ?
Ouvrir le dialogue est une première étape vers la guérison. C’est vrai, le burn-out fait peur, à vous comme à votre entourage, et pourtant, votre déstresse existe et elle ne doit jamais être mise sous couvert parce sous prétexte qu’elle peut déranger. Communiquer sur cette période de votre vie permet également d’avancer dans la phase d’acceptation. C’est parfois en posant des mots sur les maux qu’on prend conscience de ce qui nous arrive, qu’on sort du déni.
Dans l’entreprise, la peur de paraître faible face aux autres et l’angoisse d’être licencié sont les principales raisons du silence, mais ces freins ne doivent plus vous enfermer dans une spirale de souffrance infernale.
Burn-out : à qui en parler ?
Avant d’aborder ce sujet certainement très délicat pour vous avec votre employeur, vous pouvez commencer par discuter avec des personnes extérieures à l’entreprise qui sauront vous écouter, vous guider et vous rassurer. A ce stade, vous avez besoin de parler pour sortir de cette détresse et prendre un recul absolument indispensable. Vous pouvez commencer par vous confier à une personne bienveillante en qui vous avez confiance.
Il est également important d’en parler à un professionnel de la santé. Même s’il n’est pas reconnu comme une maladie à part entière, le burn-out peut entraîner des conséquences graves. Il ne faut absolument pas hésiter à consulter votre médecin ou un psychologue qui pourra juger de votre état de santé et de la nécessité d’un traitement médical et thérapeutique ainsi qu’un arrêt de travail si nécessaire.
Comment parler de l'épuisement professionnel en tant qu'employé ?
Il peut être extrêmement angoissant de dire à son supérieur que l'on est en difficulté, notamment s'il n'encourage pas les discussions ouvertes sur ce sujet et que vous ne savez pas comment il va réagir. Ainsi, on ne peut pas vous reprocher de ne pas savoir comment exprimer ce que vous ressentez à ce dernier.
Cependant, il convient de rappeler qu'il n'est pas exagéré de chercher à obtenir du soutien pour son épuisement professionnel. Étonnamment, le burnout n'a pas été classé comme une maladie professionnelle. Toutefois, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) l'a classé comme un phénomène professionnel légitime et un symptôme clairement défini du stress professionnel non atténué.
Il est facile de supposer que son supérieur ne se soucie pas de votre stress et qu'il n'est pas intéressé à parler du burn-out au travail. Mais il est tout à fait possible qu'il ne l'ait pas remarqué, surtout s'il semble très occupé. Dans une bonne culture d'entreprise, vous devriez pouvoir faire confiance à votre supérieur pour qu'il ait vos intérêts à cœur.
Vous devez être en mesure de parler de ces sujets à votre supérieur, mais si cela est trop intimidant, tentez d'y parvenir. Si vous souffrez d'épuisement professionnel, il est fort probable que d'autres collègues sont dans le même cas. Ces derniers peuvent vous offrir une oreille attentive et vous permettre de vous préparer avant de parler à votre manager.
Comment parler du burn-out au travail en tant que manager ?
Si vous êtes un manager bien intentionné, vous vous demandez peut-être pourquoi il peut être difficile de parler de l'épuisement professionnel à vos employés. Après tout, vous essayez simplement de les aider, n'est-ce pas ?
En tant que manager, et pour les employés, vous représentez une distillation vivante de l'entreprise, de son éthique et de ses objectifs. C'est vous qui décidez s'ils ont les qualités requises pour progresser au sein de l’entreprise, mais les collaborateurs craignent de paraître moroses ou fragiles, ce qui pourrait nuire à leurs plans de carrière.
Il s'agit là d'un exemple classique de la difficulté qu'ont certains employés à faire confiance à leur supérieur. Malheureusement, il n'y a pas de raccourci pour établir une relation de confiance. Il faut donc entamer un dialogue. Et pas seulement sur le burnout, mais un dialogue qui s'engage personnellement avec les membres de votre équipe en tant que personnes. C'est la seule façon de prouver que les employés peuvent vous faire confiance et vous parler franchement de leur bien-être au travail.
Vous pouvez ensuite utiliser ce dialogue pour normaliser le fait de parler du stress professionnel et du burn-out. En tant que manager, l'une des choses les plus normalisantes que vous puissiez faire est de montrer l'exemple. Parlez de vos propres difficultés, sachez que vous n'êtes pas le seul à en éprouver, et montrez votre intérêt pour trouver des solutions.
La manière dont vous réagissez lorsqu'un employé s'ouvre à vous est très importante. Si vous réagissez par l'incrédulité ou le mépris, il y a de fortes chances qu'il ne vous parle plus jamais de ces problèmes. Il est bon de poser des questions, mais veillez à ce qu'elles soient exploratoires, et non accusatrices, et qu'elles visent à déterminer les besoins de votre employé.
Repérer ses propres signes avant-coureurs
Le burn-out n’épargne aucun statut, employé comme PDG, tous sont autant susceptibles de souffrir de l’épuisement professionnel. Dans une enquête menée par Deloitte auprès de 1 000 personnes, 77 % des répondants ont déclaré avoir fait l'expérience de l'épuisement professionnel dans leur emploi actuel, et 91 % d'entre eux disent avoir des niveaux de stress et de frustration difficiles à gérer.
On pourrait croire qu'il est évident de détecter son propre épuisement professionnel, mais vous seriez surpris de voir à quel point certaines personnes l'ignorent. Vous pourriez être en train de vous épuiser à cause du stress si :
- Vous vous sentez souvent fatigué ou vidé.
- Vous êtes plus irritable que d'habitude.
- Vous vous sentez cynique et négatif.
- Vous vous sentez pris au piège ou isolé.
- Vous avez du mal à vous concentrer.
- Vous vous sentez dépassé(e).
Si vous voulez détecter rapidement ces problèmes, il est important que vous puissiez réfléchir sur vous-même. Vous sentez-vous moins bien ? Est-ce que votre travail en pâtit ? Qu'est-ce qui est différent aujourd'hui par rapport à ce que vous considérez comme "normal" ?
Tenir un journal (journaling) peut être un bon moyen pour vous sortir les idées de la tête, et cela vous donne quelque chose de concret sur lequel vous pencher. Mais vous pouvez également essayer d'en parler à vos collègues. Si vous êtes susceptible de tomber en burn-out, il y a de fortes chances que beaucoup l'aient remarqué et n'aient rien dit par politesse. Parfois, il suffit de prendre un peu de temps de repos et de voir si le relâchement de la pression vous fait du bien.
Quels sont les signes de burn-out dans mon équipe ?
Si vous êtes un manager, vous avez un devoir de vigilance à l'égard des employés dont vous avez la charge. Cela signifie qu'il vous incombe de parler de l'épuisement professionnel et d'essayer de le prévenir. Malheureusement, comme nous l'avons vu, les employés peuvent, à juste titre, être réticents à parler de leurs difficultés liées au stress professionnel. Vous devez faire preuve d'intelligence émotionnelle pour détecter les difficultés d'une personne. Voici donc les signes auxquels vous devez être attentif :
- La qualité de leur travail diminue soudainement.
- Les personnes s'isolent socialement.
- Absentéisme soudain ou inhabituel.
- Présentéisme prolongé et malsain.
- Cynisme et négativité.
- Un manque de bien-être physique.
Si rien n'est fait, le stress et l'épuisement professionnel ne font qu'empirer. Le burnout, en particulier, peut avoir un impact durable sur le bien-être personnel d'une personne. Il est donc important de se concentrer sur la prévention du burnout, plutôt que de se contenter d'en traiter les symptômes.
Briser le silence autour du burn-out est crucial pour favoriser des environnements de travail équilibrés et des employés épanouis et productifs. Il incombe à chacun, aussi bien aux employeurs qu’aux employés, de promouvoir une communication ouverte sur le stress et l’épuisement professionnel. En abordant franchement cette question, il est possible de transformer le lieu de travail en un endroit où le bien-être et la performance se nourrissent mutuellement. Le burn-out n’est en aucun cas inévitable, cependant, ne pas réagir représente un danger, non seulement pour les individus eux-mêmes, mais aussi pour l’entreprise.
À propos de l'auteur
Morgane RUPERT – People & Culture Manager
De formation supérieure en Management des Ressources Humaines, Morgane présente une expérience de plus de 13 ans en développement RH.
Après une expérience de 10 ans en tant que Consultante en recrutement puis Manager de la division RH et Juridique Senior chez Hays, Morgane a rejoint depuis plus d’un an le département People & Culture en qualité de People & Culture Manager. Elle intervient sur la gestion de carrière & mobilité, travaille également sur le bien-être au travail & l’engagement des collaborateurs ainsi que sur des projets RH transverses (parentalité, enquêtes internes…). Elle exerce en complément le métier de Coach professionnel auprès des collaborateurs de Hays France & Luxembourg.