Journée internationale du bonheur : Faut-il gravir les échelons pour être heureux ?

5 mins de lecture | Adrien Bourgeois & Noémi Capell | Article | Bien-être

Le bonheur au-delà de l'échelle sociale : repenser notre définition du succès

Le 20 mars marque la Journée internationale du bonheur, une occasion parfaite pour réfléchir à ce qui constitue réellement le bonheur dans nos vies !

Dans notre société moderne, une croyance largement répandue associe le bonheur à la réussite professionnelle et sociale. Nous sommes nombreux à penser qu'en gravissant les échelons, en atteignant un certain statut ou en accumulant des biens matériels, nous trouverons enfin cette satisfaction profonde tant recherchée. Mais est-ce vraiment le cas ? Le bonheur dépend-il de notre position sur l'échelle sociale et professionnelle, ou se cache-t-il ailleurs ?

La vision traditionnelle du succès et du bonheur

Notre société véhicule un modèle dominant qui peut se résumer ainsi :

Bonne éducation => carrière prometteuse => succès professionnel + salaire élevé = bonheur. Cette équation semble logique à première vue. Après tout, l'ascension sociale offre des avantages tangibles : sécurité financière, reconnaissance par les pairs, sentiment d'accomplissement personnel.

Le discours ambiant nous répète que réussir, c'est obtenir ce poste à responsabilités, acheter cette maison dans ce quartier prisé, partir en vacances dans des destinations exotiques. Les magazines et LinkedIn regorgent d'histoires de cadres supérieurs épanouis, d'entrepreneurs à succès qui semblent avoir trouvé la formule magique du bonheur. Mais la situation professionnelle est-elle vraiment la clé de l’épanouissement ?

L’argent fait-il le bonheur ?

La question est vieille comme le monde, et les recherches scientifiques sur le bonheur révèlent une réalité complexe.

Dans les années 1970, l'économiste Richard Easterlin met en évidence un phénomène désormais connu sous le nom de « paradoxe d'Easterlin ». Cette observation fondamentale en économie du bonheur démontre qu'au-delà d'un certain seuil permettant de satisfaire les besoins essentiels, l'augmentation des revenus n'entraîne pas d'amélioration proportionnelle du bien-être.

Une récente étude de l'Insee (2024) vient confirmer et préciser cette théorie dans le contexte français. Elle identifie un « seuil de satiété » de 30 000 euros net annuels pour une personne célibataire sans enfants. Ce seuil représente le niveau de revenu au-delà duquel l'augmentation du salaire n'apporte plus qu'une satisfaction marginale en termes de bien-être. Au-delà de ce montant, il faudrait multiplier les revenus par 12 pour observer une amélioration significative du bien-être ressenti.

Quelle rémunération mérite-t-on selon notre formation, notre expérience, notre niveau de qualification ? Découvrez notre article : Combien valez-vous sur le marché ? - Hays.fr

Repenser notre définition du succès

La quête permanente de l'évolution professionnelle montre aujourd'hui ses revers. Si la progression hiérarchique reste valorisée socialement, elle s'accompagne fréquemment d'effets néfastes : épuisement professionnel (ou burnout), anxiété persistante et difficultés à maintenir un équilibre sain entre travail et vie privée.

Paradoxalement, certains individus, après avoir atteint les objectifs de carrière qu'ils s'étaient fixés, éprouvent un sentiment de vide plutôt que l'épanouissement espéré. Cette course à la réussite professionnelle peut ainsi avoir un impact délétère sur la santé mentale et la qualité de vie au travail.

De façon intéressante, ce phénomène est par ailleurs aggravé par le syndrome de l'imposteur, dont l'intensité semble croître proportionnellement à l'élévation hiérarchique. Nous en avions parlé dans un autre article, ce sentiment d'illégitimité affecte particulièrement les femmes en position de leadership.

La nouvelle génération semble consciente de ces défis. Résultat, une nouvelle approche émerge : le « conscious unbossing », c’est-à-dire le refus de devenir manager. Cette tendance, portée principalement par la génération Z, semble redéfinir le succès professionnel.

En effet, une étude de Robert Walters (2023) révèle que 52 % des actifs de moins de 30 ans rejettent l'idée de devenir managers, dont 16 % qui excluent fermement toute évolution vers un poste d'encadrement. Ils privilégient plutôt un parcours axé sur leur épanouissement personnel et professionnel, ainsi qu’un meilleur équilibre vie pro/vie perso, loin des schémas traditionnels de réussite.

Les chemins de l'évolution professionnelle sont multiples

Doit-on pour autant renoncer à progresser dans sa carrière ? Si telle est votre ambition, lancez-vous ! Il serait réducteur, voire simpliste, de présenter l'ascension professionnelle comme intrinsèquement néfaste au bonheur. Pour beaucoup, gravir les échelons représente une source authentique d'épanouissement personnel.

Car lorsque notre ambition professionnelle s'aligne avec nos valeurs, nos talents et notre vision de la réussite, elle devient un moteur puissant. Les défis relevés, les compétences acquises et la reconnaissance obtenue nourrissent alors notre estime de soi et génèrent une fierté légitime.

Du reste, les chemins de l'évolution professionnelle sont multiples et ne sont pas limités au leadership : mobilité horizontale, création d'entreprise, reconversion... L'essentiel réside dans la cohérence entre notre parcours et nos aspirations personnelles. Si notre désir d'évolution émane d'une motivation personnelle plutôt que d'une pression sociale, il peut parfaitement s'intégrer dans notre quête de bonheur. La clé ? Construire une ambition équilibrée, qui respecte nos besoins fondamentaux : santé, relations sociales et quête de sens.

Vous cherchez encore votre voix dans ce monde en perpétuel changement ? Découvrez notre article : Trouver son job de rêve sans avoir d’idée de métier.

Trouver le bonheur, quel que soit son échelon

La bonne nouvelle, c'est qu'il est possible de cultiver le bonheur indépendamment de notre statut professionnel. Des stratégies concrètes peuvent nous y aider :

Pratiquer la gratitude : Prendre quelques minutes chaque jour pour noter trois choses positives vécues améliore significativement notre bien-être et notre santé mentale.

Cultiver la pleine conscience : Cette pratique nous permet de savourer l'instant présent plutôt que de toujours courir après le prochain objectif.

Trouver du sens dans son travail : Quelle que soit notre fonction, nous pouvons réfléchir à la façon dont notre travail contribue positivement à la vie d'autres personnes.

Investir dans les relations sociales : Consacrer du temps et de l'énergie à nos proches constitue un investissement précieux pour notre bonheur.

Poursuivre des objectifs personnels : Mettez l'accent sur des objectifs liés à votre développement personnel, vos relations avec les autres ou votre contribution à la société.

Reconsidérer notre conception du succès et du bonheur

En ce jour de la Journée internationale du bonheur, prenons le temps de reconsidérer notre conception du succès et du bonheur. Finalement, le bonheur ne se trouve pas au sommet de l'échelle sociale ou professionnelle, mais dans la qualité de notre cheminement.

Réussir sa vie ne signifie pas nécessairement occuper le poste le plus prestigieux ou posséder la maison la plus luxueuse. C'est plutôt vivre en accord avec ses valeurs, cultiver des relations épanouissantes, contribuer positivement à son environnement et savoir apprécier les petits bonheurs du quotidien.

Peut-être que le véritable succès consiste finalement à définir sa propre échelle et à l'orienter non pas vers les sommets sociaux, mais vers une vie riche de sens et d'authenticité. Comme le suggérait Albert Schweitzer, « le succès n'est pas la clé du bonheur. Le bonheur est la clé du succès. Si vous aimez ce que vous faites, vous allez réussir. »

 

 À propos de l'auteur

Adrien Bourgeois - PEOPLE AND CULTURE MANAGER • TALENT MANAGEMENT & RSE

Issu d’un Master en Ressources Humaines, Adrien présente une expérience de dix ans dans l’univers du recrutement.
Il intègre Hays à Lyon lors de son stage de fin d’études sur les métiers du BTP. Il rejoint ensuite le siège à Paris et recrute sur les métiers de l’Administration des ventes pendant 6 ans. En parallèle, il encadre une équipe de 5 consultants.

En 2018, il profite d’une mobilité pour retourner au bureau de Lyon et prend la responsabilité de la Business Line Temp, soit une dizaine de personnes, dédiée au recrutement de profils en travail temporaire, CDD et CDI sur des rémunérations inférieures ou égales à 35 000 € par an. Dans le même temps, il continue ses activités de recruteur sur les métiers Achats – Logistique & Supply Chain.

Depuis septembre 2022, il a rejoint le département People & Culture, en charge des métiers du développement RH au sein de l’entreprise. Il intervient dans le suivi de carrière des collaborateurs et d’autres projets RH transverses. Référent Bien-Etre et Diversité, Equité & Inclusion, il participe activement au déploiement des projets, outils, aménagements et événements dans ces domaines, ainsi que dans le développement de notre engagement associatif (via Helping for your tomorrow).
 

articleId- 81283427, groupId- 20151