MENTIR SUR SON CV : QUELS SONT LES RISQUES ?
5 mins de lecture | Anne Petillo & Noémi Capell | Article | Lettre de motivation
Cacher une longue période d’inactivité, transformer un stage de quatre mois en CDD d’un an, mentir sur son niveau de langue ou ses compétences informatiques, voire même s’accorder un diplôme fictif… Embellir son parcours sur son CV pour décrocher un entretien d’embauche est tentant. Mais les risques liés à ces mensonges sont bel et bien réels.
Que dit la loi ?
Selon l’article L.1221-6 du code du travail : « les informations demandées, sous quelque forme que ce soit, au candidat à un emploi ne peuvent avoir comme finalité que d'apprécier sa capacité à occuper l'emploi proposé ou ses aptitudes professionnelles. Ces informations doivent présenter un lien direct et nécessaire avec l'emploi proposé ou avec l'évaluation des aptitudes professionnelles. » Du reste, l’employeur doit être consciencieux et bien se renseigner sur les qualités professionnelles du salarié. De son côté, ce dernier a une obligation de répondre de bonne foi aux demandes d’informations de l’employeur.
Par ailleurs, si la jurisprudence admet des imprécisions dans le CV, les mensonges sur des qualités déterminantes de l’embauche ne passent pas. Par exemple, produire un faux diplôme et exercer une profession pour laquelle ce diplôme est obligatoire (chirurgien, avocat, etc.) peut avoir des répercussions très graves. Ceci est lourdement sanctionné par la loi (exercice illégal de la médecine, de la profession d’avocat) mais c’est aussi un délit de faux et d’usage de faux.
Le danger est aussi grand si votre mensonge peut porter préjudice à l’entreprise dans laquelle vous travaillez. On peut notamment imaginer une personne qui mentirait sur son expérience professionnelle et prétendrait avoir exercé une fonction alors que ce n’était pas le cas et que ce critère était déterminant lors de son embauche. Si l’on vous recrute pour un poste, c’est pour des compétences et des expériences précises. Alors si celles-ci sont fausses, gare aux conséquences.
En revanche, certaines omissions, parce qu’elle ne remettent pas en question l’attribution du poste, ne sont pas considérées comme des mensonges en tant que tels. On peut penser par exemple à des informations personnelles qui n’ont pas de lien avec les compétences requises pour un poste et qui pourraient vous discriminer injustement. Ainsi, ne pas indiquer son adresse ou son âge ne peut pas être éliminatoire si ces informations n’ont pas de rapport avec votre capacité à remplir vos fonctions.
Une mauvaise réputation
Vous avez falsifié votre CV ? Sachez que si votre mensonge est révélé au grand jour, toute votre profession (et pas seulement les recruteurs et votre employeur) pourrait être mise au courant de la supercherie. Et là, les conséquences peuvent être désastreuses. Non seulement vous pouvez être licencié si vous êtes en poste, mais les recruteurs, informés de votre mensonge, seront moins enclins à vous embaucher. En effet, les entreprises et les cabinets de recrutement pourraient en discuter entre eux et dans ce cas-là vous pourriez être black listé.
Par ailleurs, si vous avez réussi à décrocher ce poste malgré vos mensonges, ce n’est pas forcément une bonne nouvelle. Difficile d’assumer lorsque l’on a été embauché sur la base d’un mensonge. Vous risquez de vous sentir mal à l’aise et d’avoir l’impression d’être un imposteur et cela au quotidien.
En plus de vivre dans la crainte que votre mensonge soit découvert à tout moment, vous risquez de ne pas être à la hauteur des compétences requises pour ce poste. Votre employeur et vos collègues pourraient s’apercevoir de votre incapacité à exercer vos missions. Là, vous vous exposez à une mise à l’écart de la part de vos collègues, voire même à un licenciement. Bref, maquiller la réalité n’est vraiment pas une bonne idée.
L’intérêt de trouver des solutions
On l’a vu, que ce soit pour couvrir une longue période d’inactivité, un manque d’expérience ou de diplôme, travestir la vérité est certes tentant mais les conséquences ne valent pas le coup. Votre CV doit correspondre à la réalité car sinon vous risquez d’être démasqué à l’entretien d’embauche ou plus tard, lorsque vous serez en poste.
Au lieu de tromper les recruteurs en mentant sur votre curriculum vitae, essayez plutôt de trouver des solutions à ce qui selon vous pèche dans votre candidature. Ainsi, s’il vous manque une compétence pour décrocher le poste que vous visez, inscrivez-vous à une formation ou réalisez des projets qui vous aideront à obtenir ces compétences. S’il vous manque des diplômes, misez sur vos soft skills, vos compétences ou vos expériences professionnelles.
"S’il vous manque des diplômes, misez sur vos soft skills, vos compétences ou vos expériences professionnelles"
Faites-vous confiance. Vous avez des atouts, alors réfléchissez à comment les mettre en valeur sans enjoliver la réalité. Et si vous avez besoin d’un coup de pouce pour réaliser votre CV, pourquoi ne pas participer à des ateliers organisés par Pôle Emploi ou par des associations pour chercheurs d’emploi ?
À propos de l'auteur
Anne Petillo - Directrice des ressources humaines
Titulaire d’un DEA en Droit social et du CAPA (Certificat d’Aptitude à la Profession d’Avocat), Anne a d’abord conseillé Hays en tant qu’Avocat entre 2011 et 2015. En 2015, elle rejoint la société et occupe un poste de Juriste en Droit social. En 2016, elle devient Responsable juridique Social et participe à la gestion du personnel intérimaire et permanent. En 2019, elle devient DRH adjoint du groupe Hays France & Luxembourg, puis en 2023 elle reprend le poste de DRH.