QUE FAIRE FACE À UN SALARIÉ TOXIQUE EN TANT QUE MANAGER ?
8 mins de lecture | Isabelle Pelletant & Marie Maillard | Article | Management
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Comment réagir face à un salarié toxique ?
Manager un collaborateur toxique peut être une expérience éprouvante, voire traumatisante. En effet, cette « toxicité » peut non seulement nuire à l’ambiance de travail d’une équipe, mais également à sa productivité et son bien-être. Entre négativité constante, manipulation, agressivité ou encore discours passif-agressif… nombreux peuvent être les comportements nuisibles à la performance et au bien-être des collaborateurs.
Que vous soyez manager ou collègue de cette personne nocive, vous vous demandez sûrement comment stopper cette vague de toxicité avant que celle-ci ne se transforme en pandémie interne. Dans cet article, nous vous aidons à identifier les comportements nocifs en entreprise que peut avoir un salarié toxique sur son entourage professionnel et les solutions envisageables sans forcément passer par la case licenciement.
Qu’est-ce qu’un salarié toxique ?
Comme son nom l’indique, cette personne véhicule un effet néfaste, capable de contaminer son entourage. A l’image d’une épidémie, si cette toxicité n’est pas stoppée, le salarié toxique sera en mesure d’empoisonner ses collègues. Les symptômes d’une exposition à un salarié toxique peuvent d’ailleurs être multiples. Parmi eux, une baisse de moral des troupes, fatigue mentale, stress, voire burn-out…
Un collègue toxique représente donc une forme de danger pour l’environnement de l’entreprise lorsque celle-ci est au contact de son équipe. Car son impact s’étendra également au-delà du cadre professionnel. En effet, un employé touché par ce comportement sera stressé au travail, mais également en dehors du bureau.
Découvrez également comment survivre à un manager toxique.
Les comportements toxiques
Mais comment reconnaître l’élément perturbateur d’une équipe ? Car la tâche peut se révéler ardue. En effet, l’employé toxique n’est pas nécessairement un employé non-performant. Au contraire ! C’est bien parce que ses résultats sont au rendez-vous que l’employé toxique sera difficile à repérer.
De fait, son manque de savoir-être sera plus « excusable » par ses supérieurs, satisfaits de ses bonnes performances. Un problème pouvant créer une incompréhension, voire une frustration de la part de ses collègues au point de menacer la santé d’une entreprise à long terme.
Parmi les comportements toxiques les plus répandus en entreprise, il existe de nombreuses formes de personnalités :
- Le salarié égoïste et égocentré. Ce collaborateur aura tendance à faire passer ses intérêts personnels avant ceux de l’entreprise et de son équipe. De plus, il aura une très haute estime de lui-même, le rendant incapable de communiquer correctement, d’écouter des avis divergents et de se remettre en question.
- Le manipulateur sera capable d’influencer et de détourner des propos ou des faits pour obtenir de son entourage professionnel ce qu’il souhaite, la plupart du temps pour servir ses intérêts personnels.
- Le collègue irrespectueux. Que cela soit par des commentaires déplacés, des critiques gratuites et incessantes, un manque de considération pour le travail d’autrui voire un comportement agressif… le salarié toxique démontrera un manque de respect vis-à-vis de nombreuses règles, notamment celles de l’entreprise. Même si d’aspect, celui-ci indiquera en public avoir un certain respect pour les règles et les codes de l’entreprise, cela sera en réalité pour mieux les enfreindre.
- Une confiance en soi exacerbée. Le salarié toxique est très sûr, voire trop sûr de lui. A tel point que cette confiance peut le pousser à se permettre certains comportements rabaissants. En effet, il n’hésitera pas à mettre en avant son savoir, prétextant qu’il est plus intelligent que les autres à l’image d’un « je sais tout ».
- Une trop grande productivité. Même si cela semble être un point positif, il est important de prendre en compte qu’un salarié toxique est très différent d’un « mauvais employé ». En effet, comme abordé plus haut, celui-ci ne sera pas nocif par son manque de performance, mais bien à cause de son comportement. Il devient alors très difficile de repérer et de cerner un comportement toxique derrière de bons résultats. Car cela fait de l’employé nocif un élément clé pour les performances de l’entreprise.
- Le compétiteur ou l’adversaire. A l’image d’un comportement égoïste et autocentré, le collaborateur compétiteur aimera se mesurer aux autres, qu’ils soient collègues ou plus haut dans la hiérarchie. Même si le côté « compétiteur » peut être un réel atout pour la réussite d’une entreprise, celui-ci peut également avoir ses mauvais aspects. Coups bas, rabaissement d’autrui, manque d’esprit d’équipe… le salarié compétiteur mettra toutes les chances de son côté pour briller aux yeux de ses supérieurs, et ce, sans pour autant faire preuve de fair-play envers ses pairs.
Comment gérer un salarié toxique en tant que manager ?
Si la première réaction en tant que supérieur peut-être la volonté d’écarter du groupe l’élément perturbateur, il existe néanmoins plusieurs étapes à suivre pour évaluer le degré de toxicité du salarié nocif et de multiples mesures à prendre pour améliorer la situation.
Analyse des comportements
Toute prise de précision doit être basée sur une analyse approfondie de la situation. En effet, il est possible, en tant que manager, que vous soyez passé à côté du comportement toxique d’un de vos collaborateurs et que son comportement vous ait été remonté par d’autres membres de l’équipe. Des propos qu’il est important de prendre en compte pour garantir la bonne entente entre collègues.
En tant que leader, commencez par agir de manière exemplaire en débutant une introspection. En effet, avant toute confrontation avec ledit salarié toxique, examinez votre propre comportement ou encore votre stratégie managériale. Un changement de stratégie ou d’attitude pourrait être à l’origine d’une amélioration du comportement de votre collaborateur toxique sans pour autant passer par la case « confrontation ».
Identifier le comportement toxique et évaluer l’impact
Si un changement d’attitude et de stratégie managériale ne suffit pas à éradiquer la toxicité d’un de vos collaborateurs, il sera dès lors temps de le confronter et de lui exposer avec tact et assertivité l’impact de son comportement. Qu’il soit manipulateur, irrespectueux ou encore égoïste, il se peut que celui-ci ne se rende pas compte de son comportement.
Parfois, le simple fait de lui faire prendre du recul sur la situation peut suffire à faire changer un comportement négatif, voire toxique.
Dites « stop » !
Si une approche constructive et objective ne suffit pas à obtenir un changement, en tant que manager, il est de votre devoir de fixer des limites à ne pas franchir ou tout simplement de les rappeler. Des règles que l’employé toxique a pu oublier à force de les outrepasser sans rappel à l’ordre.
Pour ce faire, soyez factuels et apportez des exemples concrets de son comportement et de son impact sur le fonctionnement de l’équipe. N’hésitez pas à rappeler également que de bons résultats n’excusent pas un comportement déviant qui ne correspond pas aux valeurs de l’entreprise et à votre management.
La prise de conscience
Une fois le problème abordé, il est tout aussi important de laisser du temps au salarié rappelé à l’ordre pour qu’il puisse apprendre de ses erreurs, voire faire amende honorable. En effet, le changement attendu ne s’effectuera pas instantanément. Cela peut prendre plusieurs jours, voire plusieurs mois.
Laissez quelques semaines au salarié toxique pour trouver et mettre en place de nouvelles habitudes plus saines. Cette période sera également l’occasion de suivre cette évolution de prêt pour éventuellement l’accompagner dans sa prise de conscience.
Proposer un accompagnement professionnel
Comme abordé plus haut, un changement de comportement ne peut s’effectuer de façon imminente. Pour aider le collaborateur à améliorer son comportement, n’hésitez pas à mettre des ressources à sa disposition comme une médiation ou un coaching professionnel.
Vous pouvez commencer par une évaluation individuelle pour comprendre les raisons du comportement du salarié via des entretiens en tête-à-tête. Mettez en place un espace ou le salarié pourra se sentir libre d’exprimer ses frustrations.
Si la toxicité est venue empiéter sur la relation entre le salarié toxique et les membres de l’équipe, vous pouvez également opter pour une médiation. Cela permettrait de résoudre certains conflits interpersonnels et faciliter la communication entre tous. En tant que manager, vous pouvez jouer le rôle de médiateur ou faire appel à un médiateur professionnel.
Contacter les Ressources Humaines
Lorsque tous les moyens mis en œuvre pour tenter d’éradiquer la toxicité arrivent à épuisement et que, malgré vos efforts, rien ne fonctionne, ne laissez pas la négativité se répandre et influencer les autres collaborateurs. Prenez les devants et parlez-en à votre service RH. Celui-ci pourra vous proposer d’autres solutions et conseils ou prendre certaines mesures si rien ne fonctionne.
En effet, une longue exposition à un comportement toxique peut influencer les collaborateurs et impacter leur travail. Une étude menée par Michael Housman et Dylan Minor intitulée Toxic Workers met en avant le fait que les personnes exposées à des comportements toxiques sont plus susceptibles de développer et manifester ces mêmes comportements.
Recrutement : le premier rempart à la toxicité
L’étude de la Harvard Business School de Michael Housman et Dylan Minor met également en avant le coût d’un travailleur toxique en termes de remplacement. Celui-ci s’élèverait à près de 12 500 $. A cela viennent s’ajouter les potentiels coûts liés aux sanctions disciplinaires, perte de rentabilité liée à l’impact sur les autres salariés et nouveau processus de recrutement pour remplacer le salarié toxique.
En conclusion, il semble nécessaire et plus rentable de résoudre rapidement le problème ou de se séparer de l’employé toxique malgré ses bonnes performances. Il est également important de mettre l’accent sur les soft skills lors des recrutements pour éventuellement déceler un comportement toxique lors de l’embauche.
Notez également que le développement d’un comportement toxique ne concerne pas exclusivement les nouveaux arrivants. Il peut en effet se développer auprès des employés ayant une plus grande ancienneté.
À propos de l'auteur
Isabelle Pelletant – Directrice Région Sud-Centre
Diplômée d’une Grande École de Commerce, Isabelle présente une expertise de 20 ans dans le monde du conseil.
Elle débute son parcours par quatre ans dans le conseil en organisation de grands groupes. Elle y réalise des missions d’audits organisationnels et opérationnels, accompagnant ainsi des Directeurs de services et Directeurs Généraux dans l’optimisation de leurs process.
Arrivée chez Hays en 2007 comme consultante, elle crée le bureau Hays de Montpellier en 2009 dont elle prend le management. En parallèle, elle intervient sur l’ensemble du sud de la France sur des missions de conseil en ressources humaines. En 2019, elle devient Directrice Régionale Occitanie-Auvergne, chapeautant les bureaux de Toulouse, Montpellier et Clermont-Ferrand.
Depuis 15 ans chez Hays, elle accompagne des entreprises de toute taille et de tout secteur (public, privé, parapublic) sur leurs problématiques de recrutement, d’organisation ou d’études RH.
Depuis janvier 2024, Isabelle intègre dans son périmètre les bureaux de Nice et Aix-en-Provence, chapeautant désormais les régions PACA et Occitanie.