COMMENT CONCILIER BIEN-ÊTRE ET PERFORMANCE EN ENTREPRISE ?

26 mins d'écoute | Frédéric Béziers | Podcast | Bien-être

Talent in Progress – Saison 1. Episode 1

Dans ce premier épisode de Talent in Progress, Frédéric Béziers, Directeur Général Hays France & Luxembourg, accueille à son micro Hugues Desenfant, Directeur des Ressources Humaines Europe du Sud chez KARL STORZ Endoscopie, une entreprise familiale allemande indépendante spécialisée dans l’endoscopie chirurgicale. Ensemble, ils abordent la question de bien-être et de performance en entreprise. Comment concilier ces deux notions ? Comment les mesurer et les faire perdurer dans le temps ? Qu’adviendra-t-il du bien-être et de la performance dans le futur de l’entreprise ? Réponses dans cet épisode de Talent in Progress.

 

Frédéric Béziers : Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode de Talent in Progress. Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir sur notre podcast Hugues Desenfant, Directeur des Ressources Humaines du groupe KARL STORZ Endoscopie. Nous vous parlerons aujourd'hui d'un sujet qui me tient particulièrement à cœur et qui a fait, à mon sens, couler beaucoup d'encre dans l'air post-Covid à savoir comment concilier bien-être et performance en entreprise ? Hugues, pouvez-vous nous parler de vous, de votre parcours et de votre entreprise ?

Hugues Desenfant : Bonjour à tous. Je suis DRH de KARL STORZ Endoscopie depuis 5 ans et demi maintenant. J'ai un parcours très orienté RH depuis une vingtaine d'années à travers différents groupes français, japonais, ou allemands pour ce dernier et je suis très orienté business. Donc la notion de performance me tient à cœur, tout comme bien évidemment le bien-être qui est pour moi au cœur de notre métier de DRH.

 

Comment définir la notion de « bien-être » et de « performance » en entreprise d’après votre expérience en tant que DRH ?

Hugues Desenfant : La performance au travail se résume à la capacité de réussir, d’atteindre des objectifs. C’est une définition largement partagée. En revanche, le bien-être est plus complexe et multidimensionnel. Nous nous concentrons ici sur le bien-être professionnel, qui associe deux éléments essentiels : la compétence dans son domaine et un environnement de travail harmonieux.

Frédéric Béziers : L’harmonie est un terme que j’apprécie également. Dans le domaine des ressources humaines, il est souvent associé aux notions de bien-être et de bienveillance. Ces deux concepts ont évolué et sont fréquemment utilisés pour concilier performance et bien-être. L’harmonie évoque l’alignement et peut être un moyen d’atteindre cet équilibre entre bien-être et performance.

 

En tant que DRH, que faites-vous pour générer de l’harmonie au sein de votre entreprise autour de la notion de « bien-être » et de « performance » ?

Hugues Desenfant : En tant que DRH, je mets l’accent sur la sérénité au travail. Pour y parvenir, je m’appuie sur ces principes :

  1. Un leadership assuré et assumé. J’ose aborder des sujets difficiles avec les collaborateurs.
  2. Une formation continue. Je veille à ce que les employés se forment tout au long de leur carrière.
  3. De l’autonomie et de la confiance. Je responsabilise les gens et leur fais confiance. Le télétravail a renforcé cette confiance.

Ces actions contribuent au bien-être et à la performance au sein de l’entreprise.

 

Avez-vous réussi à faire perdurer cette confiance ?

Hugues Desenfant : Oui. Nous avons adopté une approche prudente pour le télétravail. Initialement, nous avons introduit un premier jour de télétravail, suivi d’un deuxième jour. Malgré cela, la confiance et la sérénité ont perduré. Cependant, certaines équipes, comme nos ingénieurs technico-commerciaux sur le terrain, ne sont pas soumises au télétravail.

Frédéric Béziers : La confiance est un élément essentiel du bien-être et de la performance au sein d’une entreprise. En effet, une entreprise est avant tout un collectif d’individus qui œuvrent ensemble vers un même objectif. Pour moi, les notions de bien-être et de performance sont intrinsèquement liées, mais elles ne sont pas indissociables. Cependant, beaucoup considèrent que concilier ces deux aspects peut être difficile. Nous avons tendance à opposer les termes « bien-être » et « performance ». Pourtant, il est possible de trouver un équilibre entre ces deux dimensions au sein de l’entreprise.

 

Avez-vous le sentiment que concilier ces deux notions est difficile ?

Hugues Desenfant : Dans un contexte où le marché est difficile, certaines entreprises peuvent être en sous-performance ou ne pas afficher de performance du tout. Cela génère du stress et de l’incertitude chez les employés, impactant leur bien-être professionnel. Cependant, il est possible de créer des conditions favorables. Pour cela, un leadership basé sur la confiance, une communication transparente et une honnêteté intellectuelle sont essentiels. Toutefois, il faut équilibrer ces aspects avec la réalité contractuelle entre employeur et salarié, sachant que le contrat peut être rompu à tout moment.

Frédéric Béziers : Il est essentiel de concilier courage, transparence et bien-être au sein des entreprises. La politique peut parfois venir entraver la performance et le bien-être. Pour y parvenir, une culture d’entreprise forte, basée sur des valeurs partagées, est essentielle. Elle constitue le socle pour harmoniser ces dimensions apparemment contradictoires et favoriser la prospérité tout en préservant le bien-être des collaborateurs.

 

Comment parvenez-vous à concilier ces facteurs de politique, de transparence et de culture d’entreprise ?

Hugues Desenfant : Je travaille dans une entreprise française qui compte 120 salariés, mais cela reste assez représentatif de la société dans son ensemble. J’ai récemment abordé le thème de l’honnêteté. La franchise et la sincérité sont également essentielles dans la communication avec les employés. Pendant de nombreuses années, les salariés ont été traités comme des enfants plutôt que comme des adultes. Cependant, grâce à notre travail avec le directeur général, nous avons réussi à revitaliser la communication ouverte, permettant aux collaborateurs de s’exprimer en toute sincérité et franchise.

 

Comment avez-vous réussi à faire cela ?

Hugues Desenfant : Très simplement. Car nous considérons les employés comme des adultes, leur parlons en conséquence, et attendons d’eux des performances. Nous leur offrons des conditions de travail favorables, incluant des gestes simples tels que la politesse et la reconnaissance mutuelle. La responsabilité du bien-être et de la performance est partagée entre employeur et salarié. Le management doit rassurer les employés, montrer qu’il les soutient et veiller à des objectifs clairs et précis.

Frédéric Béziers : Je suis d'accord avec vous sur l'approche, la communication, la sincérité de ce que l’on fait dans une entreprise. Qu'elle soit une PME, une TPE, un grand groupe ou une start-up, je crois que la question de bien-être ne dépend pas de la taille de l’entreprise. Je pense que générer du bien-être pour générer de la performance représente une très grosse condition de succès.

 

Comment mesurer le « bien-être » ? Quelles méthodes utilisez-vous ?

Hugues Desenfant : Nous avons réalisé des enquêtes d’engagement auprès de nos salariés en 2022 et 2023. Ces enquêtes ont révélé que l’engagement et le bien-être étaient des éléments fondamentaux de notre politique d’entreprise. Le taux d’engagement lors de la dernière enquête était de 82 %, ce qui est remarquable.

En tant que DRH, je considère également des indicateurs pragmatiques tels que le climat social, le nombre de contentieux et de cas disciplinaires, ainsi que le taux d’absentéisme. Ces éléments nous permettent d’évaluer le bien-être des employés et leur satisfaction au travail. Malgré le pic d’absentéisme en 2020 dû à la pandémie de Covid-19, nous avons constaté une baisse globale au cours des 5 dernières années.

Dernier indicateur : le taux de démission qui est un indicateur crucial pour moi. En tant que DRH, je m’efforce de retenir les talents et de maintenir la satisfaction de l’ensemble des collaborateurs. Par exemple, si l’un de nos commerciaux démissionne en raison de son mal-être, cela peut avoir un impact sur notre couverture géographique et notre chiffre d’affaires, risquant ainsi de compromettre nos performances.

Frédéric Béziers : La question revenant souvent de la part des collaborateurs d'entreprise, est « peut-on être réellement sincère dans ces enquêtes RH ? ». Et notamment au regard de ce lien contractuel qui nous lie les uns aux autres. Puis-je m’exprimer clairement ? Ou y a-t-il parfois des managers qui nous enjoignent à répondre de manière favorable à ces enquêtes et qui, de fait, viennent biaiser la mesure du bien-être ?

Hugues Desenfant : J’espère que les salariés et les collaborateurs ont confiance en nous. Les questionnaires sont anonymes, ce qui garantit leur confidentialité. Même si parfois nous devons les relancer pour obtenir des réponses, je fais confiance à nos employés. Je les considère comme des adultes responsables. Notre approche est sans préjugé. En tant que DRH, je m’implique sur le terrain, je rencontre nos collaborateurs et j’échange avec eux. Et cette proximité contribue au bien-être et à la performance.

 

Pensez-vous que les DRH ont conscience de leur impact direct sur la performance ?

Hugues Desenfant : Je crois sincèrement que les DRH ont un impact direct sur la performance, car cela se manifeste dans la réalité. On peut d’ailleurs le constater lorsque l’on voit certains DRH subir eux-mêmes une pression considérable et un mal-être lié à leur propre fonction. Cette situation est mise en évidence par des sondages où l’affectif prend le dessus. Il est essentiel d’être attentif à ces aspects et de prendre soin de notre rôle, car nous récoltons ce que la société, avec un grand “S”, nous apporte dans notre petite sphère professionnelle.

 

Est-ce possible d’avoir une entreprise dans laquelle une fonction RH s’assure du bien-être des salariés sans pour autant performer ?

Hugues Desenfant : Je crois sincèrement que c’est possible. Toutefois, cela dépend des personnalités individuelles et de la capacité à gérer la pression. On peut ne pas être performant sur le plan professionnel mais rester humain, sincère, franc et courtois tout au long de sa vie, même en dehors du travail. Cette stabilité émotionnelle est essentielle pour rassurer les gens, car les salariés ont également besoin d’être rassurés. En apportant cette sérénité au quotidien, on peut contrebalancer la non-performance. Je suis convaincu que cela est tout à fait possible et je l’espère sincèrement.

 

A l’inverse, que signifie avoir une entreprise performante, voire en surperformance dans laquelle il n’y a pas de bien-être ?

Hugues Desenfant : Je pense que l’aspect culturel d’une entreprise joue un rôle essentiel. La culture d’entreprise est souvent mise en avant sur les sites Internet des entreprises, mais qu’en est-il concrètement ? Pour moi, cela signifie être à l’écoute, avoir le souci du bien-être des autres et développer une compréhension profonde de leurs besoins. Cette sensibilité envers autrui permet de trouver des réponses adaptées aux situations rencontrées. En somme, la culture d’entreprise se manifeste dans nos actions et interactions quotidiennes.

Frédéric Béziers : Je partage souvent avec d’autres directeurs d’entreprise et des DRH une réflexion sur l’association entre bien-être et performance. La conjoncture économique, qui peut être difficile, a un impact direct sur les secteurs d’activité et les entreprises. Cette situation n’est pas intrinsèque à l’entreprise, mais plutôt liée à des conditions environnementales extérieures.

 

Les décisions que peuvent prendre les entreprises pour s’adapter à un environnement économique moins favorable peuvent-elles pousser les dirigeants d’entreprises à oublier le « bien-être » ?

Hugues Desenfant : Il faut garder le principe de réalité et de pragmatisme. Nous savons que tout ne va pas bien à l’extérieur, et cela se reflète également à l’intérieur des entreprises. Cependant, nous devons nous préparer à ces défis en faisant preuve de bon sens. Au sein de l’entreprise, il est essentiel de maintenir ce bon sens. Nous devons également communiquer et expliquer la conjoncture aux salariés. Cela se fait à travers le CSE et les réunions d’équipe managériale. Enfin, un leadership à l’écoute est primordial pour rassurer et préparer les collaborateurs face aux défis qui se présentent.

Frédéric Béziers : Le bien-être au travail associé à la performance est clairement un trend des dernières années. Nous avons également abordé ce sujet au sein de notre entreprise, en discutant de l’équilibre entre ces deux dimensions, de leur conciliation et de leur signification mutuelle. Pensez-vous que ces thématiques resteront dans l’ère post-Covid ou, au contraire, sont-elles amenées à durer dans le temps ?

Hugues Desenfant : Je pense que cela va perdurer. Je ne pense pas que cette notion soit récente. Les DRH ont depuis longtemps pour mission de veiller au bien-être de leurs salariés. Cependant, il est important d’être prudent. Le bien-être et la performance sont étroitement liés à la notion de collectif.

Nous observons actuellement une tendance où certaines personnes choisissent de travailler en indépendants. Elles recherchent davantage de flexibilité, de sens et de télétravail. Cependant, il faut être vigilant, car lorsque l’individualisme prédomine, nous risquons de perdre l’aspect humain et la dimension sociale au sein de l’entreprise.

Il est essentiel de ne pas considérer l’entreprise comme un simple « tiroir-caisse ». Elle doit accompagner les employés dans leur développement professionnel, émotionnel et familial, mais chacun doit aussi prendre en main son propre bien-être en dehors du cadre professionnel. Trouver l’équilibre entre bien-être et performance est primordial pour l’avenir.

Frédéric Béziers : L’évolution des schémas organisationnels au sein des entreprises est un sujet crucial. Bien que ce phénomène ne soit pas exclusivement lié à la période post-Covid, il s’est accentué ces dernières années. Nous observons aujourd’hui des entreprises qui optent pour une agilité accrue, se tournant vers des modèles où les salariés en CDI, CDD ou intérimaires sont moins privilégiés. Au lieu de cela, elles s’entourent de freelances. Cette tendance s’inscrit dans le contexte plus large de l’ubérisation de la société, où les alliances et les partenariats avec des experts indépendants sont privilégiés par rapport à la gestion traditionnelle d’une équipe interne.

Cependant, il est essentiel de nuancer cette approche. L’économie du futur ne se résume pas à un extrême où toutes les entreprises abandonnent leurs salariés pour ne travailler qu’avec des indépendants. La réalité est bien plus complexe, avec une multitude de nuances entre ces deux extrêmes. Chaque entreprise doit trouver l’équilibre qui lui convient en fonction de sa stratégie, de son secteur d’activité et de ses besoins spécifiques.

En fin de compte, la clé réside dans l’adaptabilité et la capacité à tirer parti des avantages offerts par les freelances, tout en préservant l’essence même de l’entreprise, sa culture et sa mission.

 

Comment évoluera la notion de « bien-être » dans le schéma organisationnel précédemment évoqué ?

Hugues Desenfant : Le bien-être au travail peut être remis en question dans un contexte où le collectif et les relations humaines sont moins présents. L’harmonie au sein d’une entreprise repose souvent sur la reconnaissance mutuelle entre collègues. Si l’interaction se limite à des relations purement financières, sans lien social, cela peut devenir complexe. La quête de sens est également importante, surtout pour les jeunes collaborateurs. Cependant, construire ce sens seul peut être difficile. L’ubérisation est un concept qui évolue dans le monde de l’entreprise, mais il suscite des interrogations. Trouver un équilibre entre bien-être individuel et performance collective reste un défi.

 

Quels sont les talents, les expertises que vous recherchez chez KARL STORZ Endoscopie ? Comment postuler chez vous ?

Hugues Desenfant : KARL STORZ Endoscopie est une entreprise spécialisée dans l’endoscopie chirurgicale disposant d’une longue histoire et d’une forte dimension familiale. En tant que filiale de distribution en France, nous avons trois grandes familles de métiers :

  1. Commercial et marketing : Nos ingénieurs technico-commerciaux interviennent dans les blocs opératoires pour vendre nos produits et solutions aux hôpitaux et cliniques en France.
  2. Fonctions support : Notre équipe gère l’administration des ventes, les services administratifs et la finance en back office.
  3. Fonctions service : Nos collaborateurs assurent la maintenance préventive auprès de nos clients.

Notre recherche de collaborateurs se concentre principalement dans le domaine commercial, sur l’ensemble du territoire français. Nous avons des équipes dédiées qui veillent au bien-être de tous nos collaborateurs.

Pour postuler, rendez-vous sur notre site web, où vous pouvez déposer un CV et une lettre de motivation. Vous pouvez également directement me contacter via mon profil LinkedIn.

 

Cet épisode est également disponible à l’écoute sur les plateformes de diffusion suivantes :

 

 À propos de l'auteur

Frédéric Béziers, Directeur Général Hays France & Luxembourg

Frédéric Béziers est Directeur Général en France et au Luxembourg pour Hays, le leader mondial du recrutement spécialisé. Diplômé de HEC Paris et Saïd Business School, Université d'Oxford, Frédéric a rejoint le groupe en France en 2001. Alors qu'il rêvait de partir vivre à Londres, il fait la rencontre de Tina Ling (PDG de Hays France, Belgique, Pays-Bas et Luxembourg) qui le recrute pour le lancement de l'activité en France, en formant une équipe franco-britannique de six personnes.

Après trois années de lancement réussi en France, Frédéric prend la responsabilité de développer la marque sur toute la France, qui compte aujourd'hui 21 bureaux. En 2009, il reprend le management du Luxembourg en le relançant de zéro et en positionnant Hays comme leader sur ce marché. Il devient rapidement Directeur Général et prend en charge le lancement de nombreux projets : le développement du travail temporaire et du contracting, le lancement de nouvelles activités de Conseil en Ressources Humaines, en technologie ou encore de portage salarial. Pendant plusieurs années, il impulse la transformation de Hays en France et au Luxembourg vers une offre complète de services orientée "Technologie".

Sous sa direction, Hays a ouvert des bureaux dans toute la France et s’est imposé comme une référence dans le secteur du recrutement. A l'international, Frédéric participera aussi à de nombreux projets au niveau groupe. Il prend notamment la responsabilité de projets de restructuration, comme celle de l'activité de Hays International à Londres en 2015 ou celui des Pays-Bas en tant que Directeur Général pour une durée d'un an en 2019.

En rejoignant Hays, Frédéric Béziers a su transformer l'entreprise dans laquelle il est rentré mais a également réussi à transformer sa vie en passant de consultant en recrutement dans l’immobilier à Directeur Général. Avec 23 ans d’expérience dans le recrutement, les ressources humaines et le conseil, Frédéric est un intrapreneur porté par ses visions et sa créativité et qui aime partager son goût pour l'entreprise en explorant au gré de ses rencontres le monde du travail de demain.  

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